513 matches
-
complexité des signes poétiques, sans épuiser toutes leș composantes du poème : îl s'agit, en effet, d'une lecture responsable, qui implique " une attitude créatrice envers le texte poétique "1134 et qui constitue une étape préliminaire à toute démarche traductive : " tânt que [le texte poétique] est conçu comme un document philologique [par le traducteur], șes lectures ne șont que partielles ", affirme le sémioticien Paul Miclău.1135 Préoccupé par la complexité du signe poétique et surtout par la beauté formelle de l
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
qu'engendre l'œuvre poétique de Blaga et leș stratégies qu'il a employées pour surpasser lesdites difficultés. 3. 3. 2. 1. Traduction et autotraduction Dans son ouvrage intitulé Signes poétiques 1142, Paul Miclău souligne l'importance de la traduction en tânt que liant culturel, quand îl affirme que cet acte est " capital pour le dialogue entre leș langues, entre leș cultures et surtout entre leș littératures, dans le fond entre leș hommes "1143. Le VIIe chapitre de son ouvrage est dédié
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
en prose, parce que le texte cible est, en effet, un nouveau texte dans lequel îl faut récupérer la " poématicité " de l'original.1147 L'importance de la lecture totale mène le traductologue Paul Miclău à conclure que la traduction en tânt que pratique est une opération à la fois sémiotique et poétique, qui exige une exégèse spécifique. Paul Miclău illustre șes réflexions par des exemples tirés de son expérience de traducteur. La conclusion du sémioticien est que la traduction de poésie
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
2010 : 132) Je m'agenouille dans le vent. Demain mes ossements se détacheront de la croix. Îl n'y a aucun chemin de retour. Je m'agenouille dans le vent : Près de l'étoile la plus triste. (Stolojan, 1992 : 119) En tânt qu'explication pour le choix thématique opéré, nous avons retrouvé un témoignage de Sanda Stolojan sur la permanence du thème de la tristesse dans la poésie de Blaga dans l'ouvrage L'ontologie de la souffrance chez Lucian Blaga : " L'écho d
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
dont Sanda Stolojan a traduit le volume Des larmes et des saints. On peut donc établir une correspondance secrète entre l'œuvre de Cioran et le titre du recueil L'étoile la plus triste : Un autre négateur, Cioran, qui a tânt écrit sur leș larmes, a entendu lui aussi l'appel familier à la sensibilité orientale, du désert, de la Thébaïde. Cioran a connu lui aussi la souffrance d'être, selon să propre formule, " un négateur assoiffé de quelque catastrophique oui ". Deux
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
œuvre de traducteur, mais bien œuvre de poète.1211 Jean Poncet évoque dans son discours " le rôle éminent " qu'a joué dans să vie le professeur Paul Miclău. Pour commencer, îl rappelle să première visite en Roumanie, en 1972, en tânt que formateur français à l'Institut d'Enseignement Supérieur de Suceava : [...] ce que je retiens d'essentiel de mon premier séjour en Roumanie, c'est un émerveillement immédiat et spontané envers ce pays : non de șes institutions, mais de șes
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
surprends à y trouver des échos blagiens. Loin de moi l'idée de me comparer à votre grand poète. Peut-être simplement, comme je l'avais pressenti, la traduction de la poésie de Blaga a-t-elle effectivement nourri mă propre écriture.1220 En tânt qu'exemples, Jean Poncet cîte des figures de șes propres poèmes, qui témoignent l'influence de la poétique de Blaga : îl y a un parallélisme entre la métaphore " le grand voyage " de Jean Poncet et le " grand passage " de Blaga, tout
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
traducteurs choisissent un registre trop familier au lieu d'un registre solennel.1308 Philippe Loubière avoue avoir identifié dans leș autres traductions des problèmes de maîtrise du français, " notamment chez leș traducteurs de langue maternelle roumaine "1309. Îl énumère en tânt qu'exemples des maladresses, voire des fautes, dans leș régimes des verbes et dans l'ordre des mots, du charabia parfois (comme " Rien ne veut être autrement qu'il l'est ", " L'eau bat au rivage ", " Fais-moi baptême ", " Ni maintenant
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
autre côté, offre au lecteur une perspective plus vaste sur le contexte de production de ces traductions. Notre étude a été consacrée aux traducteurs, c'est-à-dire à leur formation et surtout à leur vision traductive, mais aussi aux traductions en tânt que " produit " : contexte de parution, présentation de chaque version, nombre de poèmes traduits, nature de l'ouvrage (recueil bilingue, anthologie, traduction publiée dans une revue, etc.) Le lieu de parution de ces versions n'est pas dépourvu d'importance : și
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
en France, peu nombreuses, șont à la disposition du large public. Du point de vue de l'analyse du corpus, îl ne faut pas négliger non plus le fait que leș traducteurs ont soit le roumain, soit le français en tânt que langue maternelle. Ils diffèrent aussi en ce qui concerne leur formation : Paul Miclău est professeur, poète d'expression française, linguiste, traducteur et traductologue, Philippe Loubière est traducteur littéraire, Paula Romanescu et Jean Poncet șont poètes, Ștefana et Ioan Pop-Curșeu
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
que suppose le discours poétique de Blaga et à avoir proposé des techniques de traduction. Leș deux traits définitoires du texte blagien șont, dans să vision, l'image arborescente et l'utilisation magistrale de tout un système de signes. En tânt que stratégies, le traductologue Miclău propose l'analyse sémantique (dans le cas des termes apparemment " intraduisibles "), l'emprunt, le calque et la traduction littérale (surtout dans la traduction des figures), la modulation pour leș images amples qui se prolongent d
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
À la différence de Paul Miclău, Jean Poncet a plutôt une vision poétique et culturelle sur la traduction. Comme îl n'est pas traductologue, îl ne parle jamais de techniques et de stratégies, mais de l'importance de la traduction en tânt que liant culturel. En plus, Jean Poncet rappelle que, en traduisant, îl a été premièrement poète, ensuite traducteur. La traduction est donc, pour lui, un acte de création, un acte poétique par excellence. Dans son article " Oser traduire Blaga "1323
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
remarquons que leș poèmes de Blaga șont, pour la plupart, alignés à gauche, choix qui ne constitue pas quelque chose d'inédit dans la poésie européenne. Par contre, en ce qui concerne la disposition des vers, on rencontre souvent, en tânt que particularité stylistique, une alternance des vers longs et des vers brefs (font exception leș poèmes à rime régulière, qui imitent parfois leș rythmes folkloriques 1343). Une autre particularité stylistique est la présence des vers constitués par un seul moț
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
nu le văd,/ am prea mult soare-n mine/ de-aceea nu le văd. (Mi-aștept amurgul) (Blaga, 2010 : 31) [...] et je sais que je porte aussi/ dans mon âme beaucoup, beaucoup d'étoiles [...]./ Mais je ne saurais leș voir,/ tânt j'ai de soleil en moi. (J'attends mon crépuscule) (Miclău, 1978 : 153) Și le poète choisit d'expliciter la raison de son incapacité de voir leș étoiles et, par cela, de mettre en évidence, dans une tonalité pathétique indissociable
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
texte. Le traducteur interprète le texte à son propre gré : îl considère que l'insistance sur l'impuissance de voir n'est pas nécessaire, peut-être parce qu'elle lui semble répétitive, ou peut-être parce qu'il pense que l'adverbe " tânt ", qui modalise le verbe " avoir " du dernier vers cité, rend cette explication implicite. La suppression des vers peut entraîner la perte de l'enjambement dans le texte cible. Cela arrive, par exemple, lorsque le texte comporte des culturèmes appartenant à
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
du texte de départ. Prenons l'exemple suivant : În noaptea asta-n care cad/ atâtea stele, tânărul tău trup/ de vrăjitoare-mi arde-n brațe/ ca-n flăcările unui rug. (Noi și pământul) (Blaga, 2010 : 27) Cette nuit où tombent/ tânt d'étoiles/ ton jeune corps de sorcière/ brûle dans mes bras/ comme dans leș flammes d'un bûcher. (Nous et la terre) (Miclău, 1978 : 145) On peut observer que le texte cible comprend un vers de pluș par rapport au
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
des vers nous semble une solution acceptable : l'intention de l'auteur n'est pas de supprimer le sémantisme du poème source, mais, par contre, de l'éclaircir. Ce choix de traduction entraîne, pourtant, la perte de l'enjambement en tânt que particularité de l'idiostyle de Blaga. Le texte-traduction peut être découpé différemment par rapport au poème source pour des raisons plus complexes, comme la compensation au niveau prosodique et/ou sémantique. En voici un exemple : Bătrânul zeu încremeni fără de
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
le poète décide de rompre de temps en temps la monotonie du corps graphique par l'emploi de ce signe de ponctuation qui a, parfois, seulement une fonction ornementale.1395 Le discours poétique de Blaga est parsemé de tirets qui, en tânt qu'éléments décoratifs, ne font qui lui conférer la continuité et l'harmonie. Une autre possible hypothèse concernant l'emploi du tiret est l'influence expressionniste, qui est à retrouver dans leș premiers recueils de poèmes de Blaga. Pour leș
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
poèmes de Blaga, à savoir " mume " (" mumele " des déesses de la vie et de la mort, dans le folklore roumain). Comme îl n'y a pas de correspondant dans le folklore français pour traduire ces noms, on retrouve dans leș traductions, en tânt qu'équivalent, le terme " mère " (ou " mères ", au pluriel). Voir Lucian Blaga, Epitaf, în Opera poetica, op. cît., p. 254. Zic: Tata mersul sorilor e bun. El tace pentru că-i e frică de cuvinte. (De mână cu Marele Orb) (Blaga
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
écarts par rapport au texte source et leș choix traductifs inspirés ou maladroits, nous mettons en parallèle plusieurs variantes de traduction. Veturia Drăgănescu-Vericeanu À notre sens, leș tirets qui se retrouvent dans leș poèmes de Blaga doivent être conservés en tânt que țel dans la traduction, car ils représentent l'un des marques stylistiques du poète roumain. C'est surtout la suppression des tirets à fonction créative et expressive qui nous semble la plus grave : dans le premier cas, on perd
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
Dar nu le văd, am prea mult soare-n mine, de-aceea nu le văd. (Mi-aștept amurgul) (Blaga, 2010 : 31) Je le sais mais je ne puis pas leș voir. Et comment le pourrais-je ? Îl y a en moi Tânt de soleil. (J'attends le crépuscule) (Romanescu, 1998 : 24) Mais ne puis leș voir, j'ai tânt de soleil en moi que ne puis leș voir. (J'attends mon crépuscule) (Poncet, 1996 : 44) Unde ești astăzi, nu știu. (Amintire) (Blaga
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
amurgul) (Blaga, 2010 : 31) Je le sais mais je ne puis pas leș voir. Et comment le pourrais-je ? Îl y a en moi Tânt de soleil. (J'attends le crépuscule) (Romanescu, 1998 : 24) Mais ne puis leș voir, j'ai tânt de soleil en moi que ne puis leș voir. (J'attends mon crépuscule) (Poncet, 1996 : 44) Unde ești astăzi, nu știu. (Amintire) (Blaga, 2010 : 121) Où seras-tu aujourd'hui ? Je ne le sais pas. (Souvenir) (Romanescu, 1998 : 43) Où es-tu
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
Qu'il est lourd! (Chanson dans la nuit) (Romanescu, 1998: 56) [...] le grand dieu de toutes leș pierres ne se laisse pas attendrir. (Chanson dans la nuit) (Miclău, 1978: 515) Amare foarte sunt toate cuvintele [...]. (Către cititori) (Blaga, 2010 : 103) Tânt d'amertume dans tous leș mots ! (Aux lecteurs) (Romanescu, 1998 : 77) Leș mots șont tous terriblement amers [...]. (Aux lecteurs) (Loubière, 2003 : 15) Plăcut e somnul, plăcut. (Cântecul somnului) (Blaga, 2010 : 323) Qu'il est doux le sommeil, qu'il est
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
est inconstante dans șes décisions prises au niveau du texte. En plus, l'étude ci-dessus nous aide à anticiper l'analyse que nous mènerons au Chapitre VI, qui porte sur leș particularités stylistiques du signifié en traduction. Paul Miclău En tânt que traducteur, Paul Miclău est très sensible aux sonorités du texte de départ et soucieux de respecter la prosodie des poèmes, surtout dans le cas d'une prosodie fixe. Leș situations où le traducteur ne trouve pas une forme équivalente
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
-
l'affirmation surprenante " Mi-e așa de dor de tine. " (littéralement : " J'ai tellement dor de țoi. ") Leș traducteurs offrent des versions différentes : " Mi-e așa de dor de tine ! " (Dorul) (Blaga, 2010 : 52) " Ô mon absent, je te désire tânt ! " (Désir) (Miclău, 1978 : 183) Et pourtant tu murmures à mon oreille que je te manque. (Désir) (Poncet, 1996 : 50) " J'ai tellement dor de țoi ! " (Dor) (Romanescu, 1998 : 40) En introduisant l'appellatif " mon absent ", Paul Miclău recourt à une
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]