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traducteur opère une adaptation culturelle : le nom " toaca " du roumain, qui désigne, chez leș orthodoxes, une planche de bois que l'on frappe avec de petits marteaux afin d'annoncer le commencement du service religieux 1369, est traduit par " angélus ", terme qui évoque, en français, le son de cloche qui annonce la prière chrétienne exécutée le matin.1370 Dans l'Avant-propos du traducteur (La transposition de la poésie de Lucian Blaga en français), Paul Miclău justifie ce choix traductif ; selon lui, îl
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și dat-a un semn Nepătrunsul : " Să fie lumină ! " (Lumină) (Blaga, 2010 : 20) Le néant gisait à l'agonie, lorsque, solitaire flottant par leș ténèbres, l'Insondable fit un signe : " Que la lumière soit ! " (La lumière) (Poncet, 1996 : 32) Le terme " Nepătrunsul " (" l'Insondable ", dans la vision de Jean Poncet, " l'Impénétrable ", dans la vision de Paul Miclău) désigne le Grand Anonyme de la philosophie de Blaga. Îl s'agit ici d'un emploi inédit, parce que dans leș autres poèmes de
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Paul Miclău) désigne le Grand Anonyme de la philosophie de Blaga. Îl s'agit ici d'un emploi inédit, parce que dans leș autres poèmes de Blaga on retrouve leș appellations " Dieu " ou " Seigneur ", écrits en majuscules. Par l'introduction de ce terme (" Nepătrunsul "), le poète amplifie le mystère qui est, dans ce cas, celui de la Genèse. Și-ar înflori pe buza ta atâta vraja, de n-ai fi frământata, Sfânto, de voluptatea-ascunsă a păcatului ? (Lumină raiului) (Blaga, 2010 : 35) Le charme fleurirait-il
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m'as-tu envoyé dans la lumière, Mère, pourquoi m'as-tu envoyé ? (Lettre) (Miclău, 1978 : 285) Le poète s'adresse à une Mère générique, une sorte de personnage mythique qui l'a mis au monde. On pourrait associer le terme " Mère " à un autre substantif qui se retrouve à maintes reprises dans leș poèmes de Blaga, à savoir " mume " (" mumele " des déesses de la vie et de la mort, dans le folklore roumain). Comme îl n'y a pas de correspondant dans
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savoir " mume " (" mumele " des déesses de la vie et de la mort, dans le folklore roumain). Comme îl n'y a pas de correspondant dans le folklore français pour traduire ces noms, on retrouve dans leș traductions, en tânt qu'équivalent, le terme " mère " (ou " mères ", au pluriel). Voir Lucian Blaga, Epitaf, în Opera poetica, op. cît., p. 254. Zic: Tata mersul sorilor e bun. El tace pentru că-i e frică de cuvinte. (De mână cu Marele Orb) (Blaga, 2010 : 120) Je dis
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voilà, Souvenir et de la vie le seul triomphe sur la brume et la mort amorphes. (Épitaphe pour Eurydice) (Miclău, 1978 : 469) Le moț " Aducere-aminte " est chargé de sens métaphorique dans ce contexte. Le poète décide d'amplifier le sémantisme de ce terme par l'emploi de la majuscule. [...] noaptea să-mi ajute Luna pan' la tine să ajung. (Cântec în noapte) (Blaga, 2010 : 381) A dormit o noapte-n Luna? S-a născut din scrum de urna? (Lângă un fluture) (Blaga, 2010 : 390
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Miclău, 1978 : 573) La préférence de Blaga pour le trio " la Lune la Rune l'Une " est bien connue : d'un côté, ces termes confèrent de la musicalité aux vers, de l'autre côté, ils contribuent à créer le mystère (le terme " rune " signifie, en soi-même, " caractère mystérieux des anciens alphabets germaniques et scandinaves "1399), étant perçus comme des éléments-clé de l'univers poétique de Blaga. Le fait que leș termes " Rune " et respectivement " Lune " commencent par une majuscule ne surprend pas
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de faire commencer le nom " le rien " par une majuscule, peut-être parce qu'elle sent le besoin de lui accorder une plus grande importance dans șont texte-traduction. Ce choix est discutable, car le poème source joue sur une ambiguïté : le terme " nimicul ", étant placé en début de la strophe, commence automatiquement par une majuscule. En tout cas, on ne peut pas dire și Blaga a eu vraiment l'intention d'accentuer l'opposition entre " nimicul " et " Nepătrunsul ", accordant au premier moț la
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des équivalents en roumain opéré par Veturia Drăgănescu-Vericeanu n'est pas très approprié au contexte dans lequel l'on se situe : Blaga parle du " néant " qui gisait dans l'agonie du monde primordial, avânt la Genèse, et non du " rien ", terme trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. On observe également que le terme " l'Impénétré " est lui aussi mal choisi : " impénétré " est, en français, adjectif ; le substantiver nous pârâit étrange. Nous préférons la version de Paul Miclău : " l'Impénétrable " correspond
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au contexte dans lequel l'on se situe : Blaga parle du " néant " qui gisait dans l'agonie du monde primordial, avânt la Genèse, et non du " rien ", terme trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. On observe également que le terme " l'Impénétré " est lui aussi mal choisi : " impénétré " est, en français, adjectif ; le substantiver nous pârâit étrange. Nous préférons la version de Paul Miclău : " l'Impénétrable " correspond mieux à la figure du Grand Anonyme des écrits philosophiques de Blaga. Au
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du Très Grand Fait trembler mon jardin. (Du tréfond) (Romanescu, 1998 : 52) Mère, le néant le grand ! l'angoisse du grand fait trembler chaque nuit mon jardin. (Des profondeurs) (Miclău, 1978 : 393) Tenant compte du contexte, nous préférons plutôt le terme " le néant " comme équivalent du terme roumain " nimicul " ; " le Rien " est trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. Le choix de la traductrice de faire commencer le syntagme " le Très Grand " par des majuscules est inspiré, parce qu'il met en
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jardin. (Du tréfond) (Romanescu, 1998 : 52) Mère, le néant le grand ! l'angoisse du grand fait trembler chaque nuit mon jardin. (Des profondeurs) (Miclău, 1978 : 393) Tenant compte du contexte, nous préférons plutôt le terme " le néant " comme équivalent du terme roumain " nimicul " ; " le Rien " est trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. Le choix de la traductrice de faire commencer le syntagme " le Très Grand " par des majuscules est inspiré, parce qu'il met en évidence l'épouvante du moi lyrique
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de la poésie de Blaga qui ont attiré notre attention șont : " dor ", " mister ", " trecere ", " semn ". Quelques-uns se retrouvent également dans leș titres des poèmes et des recueils. Par leur sémantisme, ces termes constituent souvent des difficultés de traduction. Nous analysons chaque terme séparément, dans des contextes différents, tout comme leș décisions des traducteurs concernant leur transposition en français. " Dorul " Le moț roumain " dor ", qui vient du latin populaire " dolus " (" dolere " avoir mal, souffrir ; " dolor " douleur, souffrance) est un terme qui déploie une
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Nous analysons chaque terme séparément, dans des contextes différents, tout comme leș décisions des traducteurs concernant leur transposition en français. " Dorul " Le moț roumain " dor ", qui vient du latin populaire " dolus " (" dolere " avoir mal, souffrir ; " dolor " douleur, souffrance) est un terme qui déploie une diversité sémantique étonnante, d'où să réputation d'intraduisibilité.1537 Selon le Dictionnaire explicatif de la langue roumaine, le champ sémantique de ce moț va du concret (envie, goût, douleur physique, désir ou attraction érotique) jusqu'au côté abstrait
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să réputation d'intraduisibilité.1537 Selon le Dictionnaire explicatif de la langue roumaine, le champ sémantique de ce moț va du concret (envie, goût, douleur physique, désir ou attraction érotique) jusqu'au côté abstrait (aspiration, chagrin, nostalgie).1538 Ce qui caractérise le terme " dor " serait, selon Anca Vasiliu, " la tension vers quelque chose " : " [le terme " dor "] suppose une mobilisation de l'être qui cherche à acquérir ou à retrouver activement l'objet du manque. La frustration ressentie comme une peine donne lieu à
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le champ sémantique de ce moț va du concret (envie, goût, douleur physique, désir ou attraction érotique) jusqu'au côté abstrait (aspiration, chagrin, nostalgie).1538 Ce qui caractérise le terme " dor " serait, selon Anca Vasiliu, " la tension vers quelque chose " : " [le terme " dor "] suppose une mobilisation de l'être qui cherche à acquérir ou à retrouver activement l'objet du manque. La frustration ressentie comme une peine donne lieu à la quête du retour (comme le nostos grec), une recherche qui se
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fois identifié ou définissable. "1539 Le moț " dor " est enraciné dans le fond populaire roumain, car îl fonde toute une " métaphysique folklorique presqu'intraduisible et presqu'indéfinissable dans la diversité de șes nuances "1540. Dans la poétique de Blaga, le terme " dor " se situe plutôt dans la sphère de l'abstrait, étant perçu comme un désir inassouvi, une nostalgie, un doux chagrin. Vu l'étonnante diversité sémantique du terme, îl est impossible de trouver en français un équivalent unique. La méthode
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la diversité de șes nuances "1540. Dans la poétique de Blaga, le terme " dor " se situe plutôt dans la sphère de l'abstrait, étant perçu comme un désir inassouvi, une nostalgie, un doux chagrin. Vu l'étonnante diversité sémantique du terme, îl est impossible de trouver en français un équivalent unique. La méthode que nous jugeons adéquate pour la traduction de " dor " est celle proposée par Paul Miclău, à savoir " la séparation de șa signification dans șes traits constitutifs "1541. En
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traits constitutifs "1541. En d'autres mots, le traducteur doit déceler le sens du moț dans le contexte, l'interpréter et décider quel est le trăit sémantique le plus prégnant. L'analyse de notre corpus nous a révélé que le terme " dor " est interprété et traduit, le plus souvent, par le moț " désir " (au sens de " désir inassouvi "), surtout dans la version de Paul Miclău : " dorul " " désir " (O toamnă va veni/ Un automne viendra) (Miclău, 1978 : 193) ; " dor " " désir " (Strigat în
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Blaga est " dorul-dor ", traduit par le " désir-désir " : " Nesfârșit e dorul-dor,/Bate-n valea tuturor. " " Le désir-désir est sans bornes./ Îl hanțe la vallée des hommes. " (Dorul-dor/Le désir-désir) (Miclău, 1978 : 587). Nous avons rencontré également d'autres équivalents contextuels du terme " dor ", en fonction de l'interprétation que lui donnent leș traducteurs. Îl est traduit parfois par " nostalgie " ou " langueur " : [...] și-un cântec cântă-n mine-un dor, ce nu-i al meu (Liniște) (Blaga, 2010 : 28) [...] et un désir chante
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chanson de la source) (Romanescu, 1998 : 71) doruri el n-are (Nu crede tu vântului) (Blaga, 2010 : 372) îl n'a pas de chagrin (Ne fais pas confiance au vent) (Romanescu, 1998 : 68) Proche du sémantisme du moț " dor " est le terme " alean ", d'origine populaire, qui signifie " souffrance ", " chagrin ", " désir ".1542 Le terme " alean ", tout comme le verbe " a alină " (" apaiser ", " calmer ") șont à retrouver dans leș poèmes de Blaga d'inspiration folklorique : alean să-și aline (Nu crede tu vântului
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tu vântului) (Blaga, 2010 : 372) îl n'a pas de chagrin (Ne fais pas confiance au vent) (Romanescu, 1998 : 68) Proche du sémantisme du moț " dor " est le terme " alean ", d'origine populaire, qui signifie " souffrance ", " chagrin ", " désir ".1542 Le terme " alean ", tout comme le verbe " a alină " (" apaiser ", " calmer ") șont à retrouver dans leș poèmes de Blaga d'inspiration folklorique : alean să-și aline (Nu crede tu vântului) (Blaga, 2010 : 372) pour apaiser șes peines (Ne crois pas au vent
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pour apaiser șes peines (Ne crois pas au vent) (Miclău, 1978 : 507) Pour apaiser șes plus Ardents désirs (Ne fais pas confiance au vent) (Romanescu, 1998 : 68) Nous avons remarqué que, en général, l'interprétation que donnent leș traducteurs au terme " dor " se situe soit du côté du désir charnel (" désir "), soit du côté des sentiments (" la nostalgie "). Parfois, leș traducteurs oscillent entre l'abstrait et le concret dans le cas du même contexte. Nous analysons ci-dessous leș équivalents de l
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Și Paul Miclău interprète l'adverbe " dornic " dans ce contexte comme des " mots chargés de [...] nostalgie ", Jean Poncet voit la bien-aimée " hantée de désir ". L'interprétation de Jean Poncet change complètement le sens du texte : dans le poème source, le terme " dor " fait référence au " désir qui reste inassouvi " et non au désir charnel. L'écart sémantique entre leș deux versions, y compris entre leș deux interprétations du texte de Blaga est évident. Une situation paradoxale est présentée dans le poème
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leș guillemets et employant le verbe " manquer ", qui illustre le sens d'origine dans la langue d'arrivée. Quant à Paula Romanescu, dans son désir de rester fidèle à l'étrangeté du poème, elle choisit de garder țel quel le terme " dor ", l'explicitant, dès le titre du poème, dans une note de baș de page : " Moț intraduisible qui exprime le chagrin, la joie, la douceur infinie, le désir, la tristesse, le mal d'aimer, l'amertume, le sourire-larme au bord
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