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des équivalents en roumain opéré par Veturia Drăgănescu-Vericeanu n'est pas très approprié au contexte dans lequel l'on se situe : Blaga parle du " néant " qui gisait dans l'agonie du monde primordial, avânt la Genèse, et non du " rien ", terme trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. On observe également que le terme " l'Impénétré " est lui aussi mal choisi : " impénétré " est, en français, adjectif ; le substantiver nous pârâit étrange. Nous préférons la version de Paul Miclău : " l'Impénétrable " correspond
[Corola-publishinghouse/Science/1467_a_2765]
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au contexte dans lequel l'on se situe : Blaga parle du " néant " qui gisait dans l'agonie du monde primordial, avânt la Genèse, et non du " rien ", terme trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. On observe également que le terme " l'Impénétré " est lui aussi mal choisi : " impénétré " est, en français, adjectif ; le substantiver nous pârâit étrange. Nous préférons la version de Paul Miclău : " l'Impénétrable " correspond mieux à la figure du Grand Anonyme des écrits philosophiques de Blaga. Au
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du Très Grand Fait trembler mon jardin. (Du tréfond) (Romanescu, 1998 : 52) Mère, le néant le grand ! l'angoisse du grand fait trembler chaque nuit mon jardin. (Des profondeurs) (Miclău, 1978 : 393) Tenant compte du contexte, nous préférons plutôt le terme " le néant " comme équivalent du terme roumain " nimicul " ; " le Rien " est trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. Le choix de la traductrice de faire commencer le syntagme " le Très Grand " par des majuscules est inspiré, parce qu'il met en
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jardin. (Du tréfond) (Romanescu, 1998 : 52) Mère, le néant le grand ! l'angoisse du grand fait trembler chaque nuit mon jardin. (Des profondeurs) (Miclău, 1978 : 393) Tenant compte du contexte, nous préférons plutôt le terme " le néant " comme équivalent du terme roumain " nimicul " ; " le Rien " est trop vague et dépourvu de connotations philosophiques. Le choix de la traductrice de faire commencer le syntagme " le Très Grand " par des majuscules est inspiré, parce qu'il met en évidence l'épouvante du moi lyrique
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de la poésie de Blaga qui ont attiré notre attention șont : " dor ", " mister ", " trecere ", " semn ". Quelques-uns se retrouvent également dans leș titres des poèmes et des recueils. Par leur sémantisme, ces termes constituent souvent des difficultés de traduction. Nous analysons chaque terme séparément, dans des contextes différents, tout comme leș décisions des traducteurs concernant leur transposition en français. " Dorul " Le moț roumain " dor ", qui vient du latin populaire " dolus " (" dolere " avoir mal, souffrir ; " dolor " douleur, souffrance) est un terme qui déploie une
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Nous analysons chaque terme séparément, dans des contextes différents, tout comme leș décisions des traducteurs concernant leur transposition en français. " Dorul " Le moț roumain " dor ", qui vient du latin populaire " dolus " (" dolere " avoir mal, souffrir ; " dolor " douleur, souffrance) est un terme qui déploie une diversité sémantique étonnante, d'où să réputation d'intraduisibilité.1537 Selon le Dictionnaire explicatif de la langue roumaine, le champ sémantique de ce moț va du concret (envie, goût, douleur physique, désir ou attraction érotique) jusqu'au côté abstrait
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să réputation d'intraduisibilité.1537 Selon le Dictionnaire explicatif de la langue roumaine, le champ sémantique de ce moț va du concret (envie, goût, douleur physique, désir ou attraction érotique) jusqu'au côté abstrait (aspiration, chagrin, nostalgie).1538 Ce qui caractérise le terme " dor " serait, selon Anca Vasiliu, " la tension vers quelque chose " : " [le terme " dor "] suppose une mobilisation de l'être qui cherche à acquérir ou à retrouver activement l'objet du manque. La frustration ressentie comme une peine donne lieu à
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le champ sémantique de ce moț va du concret (envie, goût, douleur physique, désir ou attraction érotique) jusqu'au côté abstrait (aspiration, chagrin, nostalgie).1538 Ce qui caractérise le terme " dor " serait, selon Anca Vasiliu, " la tension vers quelque chose " : " [le terme " dor "] suppose une mobilisation de l'être qui cherche à acquérir ou à retrouver activement l'objet du manque. La frustration ressentie comme une peine donne lieu à la quête du retour (comme le nostos grec), une recherche qui se
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fois identifié ou définissable. "1539 Le moț " dor " est enraciné dans le fond populaire roumain, car îl fonde toute une " métaphysique folklorique presqu'intraduisible et presqu'indéfinissable dans la diversité de șes nuances "1540. Dans la poétique de Blaga, le terme " dor " se situe plutôt dans la sphère de l'abstrait, étant perçu comme un désir inassouvi, une nostalgie, un doux chagrin. Vu l'étonnante diversité sémantique du terme, îl est impossible de trouver en français un équivalent unique. La méthode
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la diversité de șes nuances "1540. Dans la poétique de Blaga, le terme " dor " se situe plutôt dans la sphère de l'abstrait, étant perçu comme un désir inassouvi, une nostalgie, un doux chagrin. Vu l'étonnante diversité sémantique du terme, îl est impossible de trouver en français un équivalent unique. La méthode que nous jugeons adéquate pour la traduction de " dor " est celle proposée par Paul Miclău, à savoir " la séparation de șa signification dans șes traits constitutifs "1541. En
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traits constitutifs "1541. En d'autres mots, le traducteur doit déceler le sens du moț dans le contexte, l'interpréter et décider quel est le trăit sémantique le plus prégnant. L'analyse de notre corpus nous a révélé que le terme " dor " est interprété et traduit, le plus souvent, par le moț " désir " (au sens de " désir inassouvi "), surtout dans la version de Paul Miclău : " dorul " " désir " (O toamnă va veni/ Un automne viendra) (Miclău, 1978 : 193) ; " dor " " désir " (Strigat în
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Blaga est " dorul-dor ", traduit par le " désir-désir " : " Nesfârșit e dorul-dor,/Bate-n valea tuturor. " " Le désir-désir est sans bornes./ Îl hanțe la vallée des hommes. " (Dorul-dor/Le désir-désir) (Miclău, 1978 : 587). Nous avons rencontré également d'autres équivalents contextuels du terme " dor ", en fonction de l'interprétation que lui donnent leș traducteurs. Îl est traduit parfois par " nostalgie " ou " langueur " : [...] și-un cântec cântă-n mine-un dor, ce nu-i al meu (Liniște) (Blaga, 2010 : 28) [...] et un désir chante
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chanson de la source) (Romanescu, 1998 : 71) doruri el n-are (Nu crede tu vântului) (Blaga, 2010 : 372) îl n'a pas de chagrin (Ne fais pas confiance au vent) (Romanescu, 1998 : 68) Proche du sémantisme du moț " dor " est le terme " alean ", d'origine populaire, qui signifie " souffrance ", " chagrin ", " désir ".1542 Le terme " alean ", tout comme le verbe " a alină " (" apaiser ", " calmer ") șont à retrouver dans leș poèmes de Blaga d'inspiration folklorique : alean să-și aline (Nu crede tu vântului
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tu vântului) (Blaga, 2010 : 372) îl n'a pas de chagrin (Ne fais pas confiance au vent) (Romanescu, 1998 : 68) Proche du sémantisme du moț " dor " est le terme " alean ", d'origine populaire, qui signifie " souffrance ", " chagrin ", " désir ".1542 Le terme " alean ", tout comme le verbe " a alină " (" apaiser ", " calmer ") șont à retrouver dans leș poèmes de Blaga d'inspiration folklorique : alean să-și aline (Nu crede tu vântului) (Blaga, 2010 : 372) pour apaiser șes peines (Ne crois pas au vent
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pour apaiser șes peines (Ne crois pas au vent) (Miclău, 1978 : 507) Pour apaiser șes plus Ardents désirs (Ne fais pas confiance au vent) (Romanescu, 1998 : 68) Nous avons remarqué que, en général, l'interprétation que donnent leș traducteurs au terme " dor " se situe soit du côté du désir charnel (" désir "), soit du côté des sentiments (" la nostalgie "). Parfois, leș traducteurs oscillent entre l'abstrait et le concret dans le cas du même contexte. Nous analysons ci-dessous leș équivalents de l
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Și Paul Miclău interprète l'adverbe " dornic " dans ce contexte comme des " mots chargés de [...] nostalgie ", Jean Poncet voit la bien-aimée " hantée de désir ". L'interprétation de Jean Poncet change complètement le sens du texte : dans le poème source, le terme " dor " fait référence au " désir qui reste inassouvi " et non au désir charnel. L'écart sémantique entre leș deux versions, y compris entre leș deux interprétations du texte de Blaga est évident. Une situation paradoxale est présentée dans le poème
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leș guillemets et employant le verbe " manquer ", qui illustre le sens d'origine dans la langue d'arrivée. Quant à Paula Romanescu, dans son désir de rester fidèle à l'étrangeté du poème, elle choisit de garder țel quel le terme " dor ", l'explicitant, dès le titre du poème, dans une note de baș de page : " Moț intraduisible qui exprime le chagrin, la joie, la douceur infinie, le désir, la tristesse, le mal d'aimer, l'amertume, le sourire-larme au bord
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dor " apparaît seulement dans la traduction de ce poème1544 ; pourtant, l'analyse du recueil 65 poèmes nous montre que, dans leș autres poèmes, la traductrice donne comme équivalent du moț " dor " des termes comme " désir ", " chagrin ", " amour ", etc. La traduction du terme " dor " par emprunt n'est pas singulière ; on la rencontre également dans la présentation des poèmes d'Eminescu par Jean-Louis Courriol : le traducteur adopte des termes culturels du roumain (" leș doïné ", " leș colinde de Noël "), afin d'offrir aux lecteurs
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le sémantisme du moț " dor " se révèle au traducteur à travers un profond travail d'interprétation. Un équivalent qui renvoie au côté concret, au désir charnel, n'est pas approprié à la poétique de Blaga. De même, l'emprunt du terme dans la langue d'accueil, sous prétexte de fidélité, est, selon nous, une décision inadéquate dans la traduction de poésie. " Misterul ", " taină " Comme nous avons vu dans le Chapitre III, le fondement de la poésie et de la philosophie de Blaga est
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traduction de poésie. " Misterul ", " taină " Comme nous avons vu dans le Chapitre III, le fondement de la poésie et de la philosophie de Blaga est l'existence du mystère, un mystère qui doit être augmenté à travers l'acte créateur. Pourtant, le terme " mister " (" mystère ") est rarement évoqué en tânt que țel dans leș poèmes.1546 Le moț qui, par son sémantisme, suggère dans leș poèmes l'idée de " mystère " est " taină " : Țărâna e plină de zumzetul tainelor [...]. (Din cer a venit un
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du murmure des mystères [...]. (Du ciel est descendu un chant de cygne) (Pop-Curșeu, 2003 : 69) La terre est pleine de la rumeur des arcanes [...]. (Un chant de cygne est descendu du ciel) (Villard, 2009 : 75) On observe que, en général, le terme " taină " est traduit en français par " mystère ". La métaphore " zumzetul tainelor " est transposée donc, normalement, par " bourdonnement/murmure des mystères ". Le choix de Veturia Drăgănescu-Vericeanu de transposer cette figure par le " zon des secrets " n'est pas adéquat, car le
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mare și tainic în larg. (Taină inițiatului) (Blaga, 2010 : 119) une chanson surgit au large, grande et mystérieuse au large. (Le secret de l'initié) (Miclău, 1978 : 287) Veturia Drăgănescu-Vericeanu choisit, par contre, de traduire le moț " taină " par " secret ", terme dont le sémantisme est moins fort que celui de " mystère " et qui ne fait pas référence à la conception philosophique de Blaga. Pour illustrer ce choix traductif, nous mettons en parallèle să version et celle de Paul Miclău : ochii tăi
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secret vécu, où s'en est-il allé ? " (Încheiere/ Final) (Drăgănescu-Vericeanu, 1974 : 191). Le même choix est retrouvé chez Virgil Ierunca : " où est-il le secret vécu ? " (Încheiere/Conclusion) (Ierunca, 1975 : 8). Par contre, Sanda Stolojan, constante dans son choix, traduit le terme " taină " par " mystère " : " où va le mystère des choses vécues ? " (Încheiere/ Fin) (Stolojan, 1992 : 85) ; Aurel George-Boeșteanu traduit le terme " taină " par " secret " : " De-atunci femeia ascunde sub pleoape o taină [...]. " " Depuis, la femme cache sous șes paupières un secret
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où est-il le secret vécu ? " (Încheiere/Conclusion) (Ierunca, 1975 : 8). Par contre, Sanda Stolojan, constante dans son choix, traduit le terme " taină " par " mystère " : " où va le mystère des choses vécues ? " (Încheiere/ Fin) (Stolojan, 1992 : 85) ; Aurel George-Boeșteanu traduit le terme " taină " par " secret " : " De-atunci femeia ascunde sub pleoape o taină [...]. " " Depuis, la femme cache sous șes paupières un secret [...]. " (Eva/Ève) (Boeșteanu, 1998 : 35). Traduire le terme " taină " par " secret " mène, à notre sens, à une perte sémantique et
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des choses vécues ? " (Încheiere/ Fin) (Stolojan, 1992 : 85) ; Aurel George-Boeșteanu traduit le terme " taină " par " secret " : " De-atunci femeia ascunde sub pleoape o taină [...]. " " Depuis, la femme cache sous șes paupières un secret [...]. " (Eva/Ève) (Boeșteanu, 1998 : 35). Traduire le terme " taină " par " secret " mène, à notre sens, à une perte sémantique et élude, en quelque sorte, la référence métaphysique des poèmes de Blaga. Pour donner au lecteur une image globale et unitaire de l'univers poétique et de la philosophie de
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