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nom " tălmăcire " acquiert des significations plus amples que celles de " traduire ", " éclairer ", " interpréter " ou " déchiffrer " exposées ci-dessus : îl devient synonyme de la création poétique. Pourtant, comme notre analyse concerne la vision traductive de Blaga, nous nous limitons au premier sens du moț " tălmăcire ", celui qui fait référence à la démarche traductive. Nous montrons le fait que la traduction, dans la conception du poète-traducteur, est vue plutôt comme " interprétation ", " déchiffrage ", voire même " recréation ". Pour ce faire, îl faut exposer le témoignage de Blaga
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Blaga décide de préserver le style de l'œuvre source au niveau du registre de langue. Îl n'hésite donc pas à apprécier " leș nombreuses vertus du néologisme ", en reprochant en même temps aux traducteurs antérieurs d'avoir évité le moț nouveau, ce qui a contribué à l'échec de leur travail.1002 Même și le haut niveau intellectuel de Faust impose ce choix traductif, Blaga est conscient des dangers que suppose l'usage du néologisme, qui, à son avis, " contribue
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et du dialogue interculturel. 3. 3. 1. 1. Paul Miclău aperçu biographique Paul Miclău se consacre à la recherche en linguistique dès le début de șa carrière universitaire. Îl publie son premier article, " Noțiunea și cuvântul " (" La notion et le moț "), dans le volume Introducere în lingvistică (Introduction à la linguistique), păru en 1955 sous la coordination du professeur Alexandru Graur. Șes recherches en linguistique șont couronnées par să thèse de doctorat, Le signe linguistique, qu'il soutient en 1968 à
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ce qui démontre que, lors du passage au français, îl change d'optique en fonction de la vision que cette langue imprime au monde : le terme roumain " dor ", réputé être intraduisible, est interprété en fonction du contexte comme une " nostalgie " ; le moț " bob " devient " brin " dans l'autotraduction.1158 Le travail interprétatif, tout comme l'absence de la correspondance totale entre leș deux versions est à remarquer dans des fragments comme : Dar bolta s-a-ndesit nimic nu se mai vede căci cerul ei a
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Paul Miclău dans leș poèmes de Blaga concerne leș termes apparemment intraduisibles. Pour trouver le bon équivalent en français, Miclău propose " la séparation de la signification dans șes traits constitutifs "1171, c'est à dire l'analyse sémantique. Par exemple, le moț roumain " dor ", qui n'a pas de correspondant direct en français, une fois décomposé dans șes caractéristiques sémantiques, seră traduit parfois par " désir ", dans le cas d'un poème qui en parle explicitement, parfois par " nostalgie " et même " mystère " : " Îl
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du culturème " haïdouc ", introduit en français par Panaït Istrati ; selon lui, ce terme pourrait parler au public français de la roumanité des poèmes de Blaga : Par exemple, la traduction du poème Le haïdouc de Blaga contribuerait à consolider en français le moț roumain, mais surtout l'image du haïdouc comme signe d'une entité humaine assimilée avec la nature et l'absolu. "1178 Toutefois, Miclău admet que le cas des emprunts est assez rare dans la traduction de textes poétiques. La poésie
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un autre espace culturel trouvera des échos insoupçonnés, comme dans le poème monumental Charrues, au centre duquel se trouve l'image-signe, rendue par la métaphore explicite de la deuxième pârtie : " Charrues : grands oiseaux noirs ", etc. On y adoptera une traduction prosaïque, moț à moț, et l'effet en seră fulminant.1181 D'autres stratégies de traduction employées par Miclău șont la transposition et la modulation. Le sens attribué par le traducteur à ces stratégies de traduction diffère en quelque sorte des définitions
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espace culturel trouvera des échos insoupçonnés, comme dans le poème monumental Charrues, au centre duquel se trouve l'image-signe, rendue par la métaphore explicite de la deuxième pârtie : " Charrues : grands oiseaux noirs ", etc. On y adoptera une traduction prosaïque, moț à moț, et l'effet en seră fulminant.1181 D'autres stratégies de traduction employées par Miclău șont la transposition et la modulation. Le sens attribué par le traducteur à ces stratégies de traduction diffère en quelque sorte des définitions données par
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tânt que particularité stylistique, une alternance des vers longs et des vers brefs (font exception leș poèmes à rime régulière, qui imitent parfois leș rythmes folkloriques 1343). Une autre particularité stylistique est la présence des vers constitués par un seul moț, qui mettent davantage en valeur l'espace blanc : " Versurile de un cuvânt, destul de frecvențe la Blaga, se impun atenției la lectură prin izolarea lor printr-un spațiu alb abundent, contrastând cu spațiul negru al versurilor mai lungi. "1344 Le critique
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des vers " correspond à un rééquilibrage ou redécoupage du poème d'origine : Arendaș al stelelor,/ străvechile zodii/ mi le-am pierdut. (Cuvântul din urmă) (Blaga, 2010 : 129) Métayer des étoiles/ j'ai perdu/ mes anciens/ signes du zodiaque. (Le dernier moț) (Miclău, 1978 : 303) On peut expliquer un țel choix seulement par une préoccupation pour la musicalité interne du texte-traduction, donnée par des vers équilibrés, qui créent, par leur cadence, un certain rythme intérieur. Portant, une telle modification du découpage des
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une notation sans que la coupure soit trop marquée ; le second tiret est supprimé avânt un point final.1383 En général, l'emploi des tirets est préféré avânt et après une proposition, un membre de phrase, une expression ou un moț que l'on veut séparer du contexte pour le mettre en valeur. Le tiret isolé peut s'employer aussi dans un dialogue, pour indiquer le changement d'interlocuteur.1384 On trouve pourtant des tolérances en ce qui concerne l'usage
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al vieții asupra morții și ceții. (Epitaf pentru Euridike) (Blaga, 2010 : 318) [...] tu es en moi. Tu es, voilà, Souvenir et de la vie le seul triomphe sur la brume et la mort amorphes. (Épitaphe pour Eurydice) (Miclău, 1978 : 469) Le moț " Aducere-aminte " est chargé de sens métaphorique dans ce contexte. Le poète décide d'amplifier le sémantisme de ce terme par l'emploi de la majuscule. [...] noaptea să-mi ajute Luna pan' la tine să ajung. (Cântec în noapte) (Blaga, 2010 : 381) A
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1403, qui crée des anaphores. Selon Henry Suhamy, l'anaphore éprouve le besoin des poètes de " retrouver un certain formalisme magique et primitif " : L'anaphore, qui consiste à commencer plusieurs vers, phrases ou membres de phrases successifs par le même moț ou groupe de mots, reste un des procédés leș plus employés, un de ceux qui soulignent la permanence des liens qui existent entre la rhétorique, la liturgie, la poésie et autres formes d'expression soutenue. Cette figure semble encore plus
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i-e frică de cuvinte. El tace fiindcă orice vorba la el se schimbă-n faptă. (De mână cu Marele Orb) (Blaga, 2010 : 120) Îl se tait car îl a peur de mots. Îl se tait car pour lui chaque moț se change en acte. (Main dans la main avec le grand aveugle) (Pop-Curșeu, 2003 : 79) [...] îndemnuri cerești să fim încă o dată, să fim încă de o mie de ori, să fim, să fim! (Tăgăduiri) (Blaga, 2010 : 160) [...] célestes voix qui
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déjà un complément de lieu dans la phrase (" au village "). Nous pouvons appeler une telle structure, fondée sur un manque de logique discursive, " de faux vers en miroir ". Une décision traductive intéressante de Veturia Drăgănescu-Vericeanu est de faire commencer un moț par une majuscule. À titre de comparaison, nous citons aussi la traduction de Paul Miclău : Nimicul zăcea-n agonie, cănd singur plutea-n întuneric și dat-a un semn Nepătrunsul : " Să fie lumină ! " (Lumină) (Blaga, 2010 : 20) Le Rien gisait
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le terme " nimicul ", étant placé en début de la strophe, commence automatiquement par une majuscule. En tout cas, on ne peut pas dire și Blaga a eu vraiment l'intention d'accentuer l'opposition entre " nimicul " et " Nepătrunsul ", accordant au premier moț la même importance par la présence de la majuscule. En plus, le choix des équivalents en roumain opéré par Veturia Drăgănescu-Vericeanu n'est pas très approprié au contexte dans lequel l'on se situe : Blaga parle du " néant " qui gisait dans
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-ți mâinile pe genunchii mei. (Sufletul satului) (Blaga, 2010 : 116) Mon enfant, repose țes mains sur mes genoux ! (L'âme du village) (Romanescu, 1998 : 82) Petite, mets țes mains sur mes genoux. (L'âme du village) (Loubière, 2003 : 41) Le moț paisible du moi lyrique adressé à une petite fille devient, sous la plume de Paula Romanescu, un ordre. Nous avons identifié dans cette version des emplois inédits de la majuscule, qui entraînent des modulations de la voix du texte. Par exemple, dans
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de la forêt. (Le chêne) (Miclău, 1978 : 137) Voi treceți pe drum [...] și așteptați să vorbesc. De unde să încep? (Către cititori) (Blaga, 2010 : 103) En passant, vous me regardez [...] En attendant que je vous parle. Comment le faire ? Comment trouver le moț qu'il faut pour commencer ? (Aux lecteurs) (Romanescu, 1998 : 76) Vous passez sur la route, [...] et attendez que je vous parle. Par où commencer ? (Aux lecteurs) (Pop-Curșeu, 2003 : 43) [...] greu se lasă, greu se lasă Dumnezeul pietrelor. (Cântec în noapte
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steaua că o povară. (Biografie) (Blaga, 2010 : 135) [...] j'ai chanté et je chante encore le grand passage, le sommeil du monde, leș anges de cire. D'une épaule à l'autre je passe mon étoile comme un fardeau, sans moț dire. (Biographie) (Miclău, 1978 : 315) C'est la parenté des langues qui aide souvent le traducteur à recréer la rime dans șont texte-traduction.1517 Parfois, le jeu des rimes est préservé à l'aide de petits artifices, comme l'ajout
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pour recréer la prosodie en langue cible : la croix devient " vive ", l'ombre d'un moulin à vent arrive " vers le couchant ", l'astre est " creux ". La traductrice omet de traduire le syntagme " miei luzitani " (" agneaux portugais ") ; en plus, le moț " liman " (" rive ", " bord ") est interprété comme un " cîte ". Comme nous avons observé un ajout d'unités sémantiques dans la traduction des poèmes à forme fixe1530, nous pouvons conclure que cette décision fait pârtie du style traductif de Paula Romanescu. Ștefana
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leș titres des poèmes et des recueils. Par leur sémantisme, ces termes constituent souvent des difficultés de traduction. Nous analysons chaque terme séparément, dans des contextes différents, tout comme leș décisions des traducteurs concernant leur transposition en français. " Dorul " Le moț roumain " dor ", qui vient du latin populaire " dolus " (" dolere " avoir mal, souffrir ; " dolor " douleur, souffrance) est un terme qui déploie une diversité sémantique étonnante, d'où să réputation d'intraduisibilité.1537 Selon le Dictionnaire explicatif de la langue roumaine, le champ
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qui vient du latin populaire " dolus " (" dolere " avoir mal, souffrir ; " dolor " douleur, souffrance) est un terme qui déploie une diversité sémantique étonnante, d'où să réputation d'intraduisibilité.1537 Selon le Dictionnaire explicatif de la langue roumaine, le champ sémantique de ce moț va du concret (envie, goût, douleur physique, désir ou attraction érotique) jusqu'au côté abstrait (aspiration, chagrin, nostalgie).1538 Ce qui caractérise le terme " dor " serait, selon Anca Vasiliu, " la tension vers quelque chose " : " [le terme " dor "] suppose une mobilisation
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une peine donne lieu à la quête du retour (comme le nostos grec), une recherche qui se nourrit inlassablement d'elle-même. [...] [" Dor "] vise toujours un objet, même și celui-ci n'est pas à chaque fois identifié ou définissable. "1539 Le moț " dor " est enraciné dans le fond populaire roumain, car îl fonde toute une " métaphysique folklorique presqu'intraduisible et presqu'indéfinissable dans la diversité de șes nuances "1540. Dans la poétique de Blaga, le terme " dor " se situe plutôt dans la
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La méthode que nous jugeons adéquate pour la traduction de " dor " est celle proposée par Paul Miclău, à savoir " la séparation de șa signification dans șes traits constitutifs "1541. En d'autres mots, le traducteur doit déceler le sens du moț dans le contexte, l'interpréter et décider quel est le trăit sémantique le plus prégnant. L'analyse de notre corpus nous a révélé que le terme " dor " est interprété et traduit, le plus souvent, par le moț " désir " (au sens
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le sens du moț dans le contexte, l'interpréter et décider quel est le trăit sémantique le plus prégnant. L'analyse de notre corpus nous a révélé que le terme " dor " est interprété et traduit, le plus souvent, par le moț " désir " (au sens de " désir inassouvi "), surtout dans la version de Paul Miclău : " dorul " " désir " (O toamnă va veni/ Un automne viendra) (Miclău, 1978 : 193) ; " dor " " désir " (Strigat în pustie/Cri dans le désert) (Miclău, 1978 : 233) ; " dor " " désir " (Poeții
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