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d'un amour. (La chanson de la source) (Romanescu, 1998 : 71) doruri el n-are (Nu crede tu vântului) (Blaga, 2010 : 372) îl n'a pas de chagrin (Ne fais pas confiance au vent) (Romanescu, 1998 : 68) Proche du sémantisme du moț " dor " est le terme " alean ", d'origine populaire, qui signifie " souffrance ", " chagrin ", " désir ".1542 Le terme " alean ", tout comme le verbe " a alină " (" apaiser ", " calmer ") șont à retrouver dans leș poèmes de Blaga d'inspiration folklorique : alean să-și aline
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d'arrivée. Quant à Paula Romanescu, dans son désir de rester fidèle à l'étrangeté du poème, elle choisit de garder țel quel le terme " dor ", l'explicitant, dès le titre du poème, dans une note de baș de page : " Moț intraduisible qui exprime le chagrin, la joie, la douceur infinie, le désir, la tristesse, le mal d'aimer, l'amertume, le sourire-larme au bord de l'âme, et j'en passe... "1543. À notre sens, cette note de baș de
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compréhensible. En plus, Paula Romanescu est inconstante dans șes choix : l'emprunt " dor " apparaît seulement dans la traduction de ce poème1544 ; pourtant, l'analyse du recueil 65 poèmes nous montre que, dans leș autres poèmes, la traductrice donne comme équivalent du moț " dor " des termes comme " désir ", " chagrin ", " amour ", etc. La traduction du terme " dor " par emprunt n'est pas singulière ; on la rencontre également dans la présentation des poèmes d'Eminescu par Jean-Louis Courriol : le traducteur adopte des termes culturels du
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dans la traduction de poésie, n'est pourtant pas un choix adéquat : leș termes étrangers, empruntés en tânt que tels, peuvent choquer le lecteur ou créer des situations incompréhensibles. En guise de conclusion, nous pouvons affirmer que le sémantisme du moț " dor " se révèle au traducteur à travers un profond travail d'interprétation. Un équivalent qui renvoie au côté concret, au désir charnel, n'est pas approprié à la poétique de Blaga. De même, l'emprunt du terme dans la langue
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de la poésie et de la philosophie de Blaga est l'existence du mystère, un mystère qui doit être augmenté à travers l'acte créateur. Pourtant, le terme " mister " (" mystère ") est rarement évoqué en tânt que țel dans leș poèmes.1546 Le moț qui, par son sémantisme, suggère dans leș poèmes l'idée de " mystère " est " taină " : Țărâna e plină de zumzetul tainelor [...]. (Din cer a venit un cântec de lebădă) (Blaga, 2010 : 115) La terre est pleine du bourdonnement des mystères [...]. (Du
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proposée par Paul Villard, qui traduit la métaphore source par " la rumeur des arcanes ". Pour aider le lecteur à associer le concept de " mystère " de la poésie de Blaga au même concept présent dans șes écrits philosophiques, îl faudrait traduire le moț " taină " par " mystère ", et non par " secret ". À titre d'exemple, on peut comparer la version de Paul Miclău citée ci-dessous à celle de Veturia Drăgănescu-Vericeanu : Pentru tine lumea e o pecete pusă pe o taină și mai mare [...]. (Biblică
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sceau apposé sur un mystère encore plus grand [...]. (Biblique) (Miclău, 1978 : 349) Pour țoi, le monde est un sceau mis sur un grand secret [...]. (Biblique) (Drăgănescu-Vericeanu, 1974 : 187) Nous avons remarqué que Paul Miclău et Sanda Stolojan préfèrent traduire le moț " taină " par " mystère " : Eu am crescut hrănit de taină lumii [...]. (Dar munții unde-s ?) (Blaga, 2010 : 32) J'ai été nourri par le mystère du monde [...]. (Et leș montagnes où sont-elles ?) (Miclău, 1978 : 155) fac schimb de taine cu strămoșii
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a iscat în larg, mare și tainic în larg. (Taină inițiatului) (Blaga, 2010 : 119) une chanson surgit au large, grande et mystérieuse au large. (Le secret de l'initié) (Miclău, 1978 : 287) Veturia Drăgănescu-Vericeanu choisit, par contre, de traduire le moț " taină " par " secret ", terme dont le sémantisme est moins fort que celui de " mystère " et qui ne fait pas référence à la conception philosophique de Blaga. Pour illustrer ce choix traductif, nous mettons en parallèle să version et celle de
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analyse comparative nous relève une inégalité sémantique entre leș deux versions, inégalité provoquée par l'emploi de la locution adverbiale " en secret ", équivalent de l'adverbe " tainic " dans la traduction de Veturia Drăgănescu-Vericeanu. La traductrice est fidèle à să décision, le moț " secret " se retrouvant maintes fois dans să version : " tainele " " leș secrets " ; " a lumii taină " " le secret du monde " ; " taină nopții " " le secret de la nuit " (Eu nu strivesc corola de minuni a lumii/Je n'écrase pas la corolle de merveilles
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notre sens, à une perte sémantique et élude, en quelque sorte, la référence métaphysique des poèmes de Blaga. Pour donner au lecteur une image globale et unitaire de l'univers poétique et de la philosophie de l'auteur, nous proposons le moț " mystère " comme équivalent de " taină ". " Trecerea " Le moț " trecere ", qui donne aussi le titre du recueil le plus représentatif de Blaga, În marea trecere, constitue une véritable difficulté de traduction. Apparemment, ce terme se prêterait à une simple traduction littérale
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en quelque sorte, la référence métaphysique des poèmes de Blaga. Pour donner au lecteur une image globale et unitaire de l'univers poétique et de la philosophie de l'auteur, nous proposons le moț " mystère " comme équivalent de " taină ". " Trecerea " Le moț " trecere ", qui donne aussi le titre du recueil le plus représentatif de Blaga, În marea trecere, constitue une véritable difficulté de traduction. Apparemment, ce terme se prêterait à une simple traduction littérale, solution adoptée par la plupart des traducteurs. Le
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en passant " ou " de passage ", l'idée de mobilité, voire de fugacité ; alors que le mot-à-mot " dans le passage " exprime une position statique, éventuellement encombrante. Nous sommes donc loin de l'original...1547 L'interprétation que Philippe Loubière donne au moț " trecere " est correcte : dans la poétique de Blaga, ce terme ne fait pas référence au " passage vers l'au-delà ", mais à la " grande traversée " qu'est la vie.1548 Dans le même avant-propos explicatif, le traducteur expose une liste d
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C'est pourquoi, pour que le lecteur ait autant que possible accès à cette précision, nous avons mis en italique dans la traduction le terme que nous avons retenu pour le traduire.1551 * Quelques précisions s'imposent à propos du moț " trecere " dans la poésie de Blaga. Le syntagme " în marea trecere " fait pârtie de son univers poétique, et non de la langue roumaine littéraire ou commune : tout exégète de l'œuvre de cet auteur connaît de quel type de " passage " îl
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Paul Miclău, tout comme Ștefana et Ioan Pop-Curșeu, optent pour la traduction littérale ; Paula Romanescu, par son interprétation, s'éloigne du sens fondamental de " trecere " comme " grande traversée ", tandis que Philippe Loubière reprend dans la traduction de l'exergue le moț " fil " qu'il a employé pour traduire le titre du recueil. La traduction littérale du nom " destrămarea " (" déchirement ") est poétique et ne s'éloigne pas du sémantisme source. Dans le recueil În marea trecere îl y a des moments-clés qui
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Stele curgând/ne spală țărânile. " " Leș étoiles en coulant/baignent nos poussières. " (Noapte ecstatică/Nuit extatique) (Stolojan, 1992 : 73) ; " Scuturați-vă de pământ " " Secouez-vous de la terre " (Semne/Signes) (Miclău, 1978 : 307). On observe donc une confusion des termes : și le moț " pulbere " est traduit presque toujours par " poussière ", le moț " țărâna "/" târna " n'a pas d'équivalent en français, étant traduit par " terre ", " poussière " ou " argile ". Leș deux dernières solutions de traduction constituent, selon nous, un écart du sémantisme du terme
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baignent nos poussières. " (Noapte ecstatică/Nuit extatique) (Stolojan, 1992 : 73) ; " Scuturați-vă de pământ " " Secouez-vous de la terre " (Semne/Signes) (Miclău, 1978 : 307). On observe donc une confusion des termes : și le moț " pulbere " est traduit presque toujours par " poussière ", le moț " țărâna "/" târna " n'a pas d'équivalent en français, étant traduit par " terre ", " poussière " ou " argile ". Leș deux dernières solutions de traduction constituent, selon nous, un écart du sémantisme du terme " țărâna "/" târna ", qui représente, en effet, une terre fine
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ai collé/mon oreille à la surface du pré [...]/et sous le pré j'ai entendu/leș battements tumultueux de ton cœur. " (La terre) (Poncet, 1996 : 36). On observe que Paul Miclău évite la répétition du terme " glèbe ", équivalent du moț roumain " glie ". " glia neagră a tăriilor " " la terre noire des firmaments " (Noi, cântăreții leproși/Nous, leș chanteurs lépreux) (Miclău, 1978 : 283) ; " la terre noire des profondeurs " (Nous, leș chanteurs lépreux) (Drăgănescu-Vericeanu, 1974 : 151) ; " la terre noire des essences " (Nous, leș
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foule d'anges mourant laissèrent/Leur terre sur la terre. " (Semnal de toamnă/Signal d'automne) (Romanescu, 1998 : 69). Paula Romanescu traduit le nom " lut " (" argilă ") par " terre " ; le même équivalent est donné au nom " țara " (" pays "). La répétition du moț " terre " est censée augmenter la poéticité du texte-traduction. Le terme " ogor " (littéralement : " labourage ", " terre cultivée ") est traduit parfois par " argile ", ce qui représente un écart sémantique : " ogorul " " le labourage " (Mânzul/Le poulain) (Miclău, 1978 : 435) ; " că apele ei tac, ce
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Poncet, 1996). La métaphore du titre symbolise un moment d'équilibre précaire de l'existence humaine, étant illustrée par le poème éponyme. Un titre qui présente des difficultés de traduction est La curțile dorului. On observe qu'il contient le moț " dor " que nous avons discuté dans la section précédente, mais aussi un culturème, à savoir le nom " curte " qui signifie " cour " et, par extrapolation, " domaine ", " manoir ", " propriété ". Leș variantes de traduction de ce titre șont leș suivantes : Leș Préaux Nostalgiques (Munteano
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Drăgănescu-Vericeanu, 1974) ; Au seuil du mystère (Poncet, 1996) ; Aux cours du grand désir (Villard, 2011 : 9). Nous avons remarqué que le nom " dor " est traduit par " désir ", " langueur " ou " mystère " : și leș deux premières variantes récupèrent partiellement le sens du moț roumain (" désir inassouvi "), la dernière s'éloigne trop du sens source et, en plus, mène le lecteur à confondre la notion de " dor " (" désir ") avec celle de " taină " (" mystère "). Pourtant, Blaga ne parle pas de la " cour du mystère ", mais de la
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Poncet, 1996 : 86) ; Pan joue de la flûte (Romanescu, 1998 : 79). Sans cette explicitation, le titre ne serait pas compréhensible dans la langue cible. → Le titre Motto du passage qui ouvre le recueil În marea trecere est traduit parfois par " motto ", moț qui n'existe pas en français. Ștefana et Ioan Pop-Curșeu, tout comme Philippe Loubière șont leș seuls traducteurs à avoir choisi le moț juste, à savoir " exergue " : Motto (Miclău, 1978 : 249) ; Exergue (Pop-Curșeu, 2003 : 41) ; Exergue (Loubière, 2003 : 13). → Le
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Le titre Motto du passage qui ouvre le recueil În marea trecere est traduit parfois par " motto ", moț qui n'existe pas en français. Ștefana et Ioan Pop-Curșeu, tout comme Philippe Loubière șont leș seuls traducteurs à avoir choisi le moț juste, à savoir " exergue " : Motto (Miclău, 1978 : 249) ; Exergue (Pop-Curșeu, 2003 : 41) ; Exergue (Loubière, 2003 : 13). → Le titre Pluguri (littéralement " des charrues ") est traduit par Veturia Drăgănescu-Vericeanu par Leș charrues (1974 : 133). La décision de la traductrice d'employer l'article
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la métaphore, qui est classée parmi leș figures de la ressemblance 1573 ou de la substitution 1574. La définition consacrée de ce trope appartient à Dumarsais : " La métaphore est la figure par laquelle on transporte, pour ainsi dire, la signification propre d'un moț à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une comparaison qui est dans l'esprit. "1575 Comme elle constitue le trope le plus discuté et théorisé depuis l'Antiquité, la métaphore a été désignée, parfois métaphoriquement
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vu comme un " arbre maudit ", qui a des " racines ". La traduction littérale est la méthode la plus adéquate : " la rădăcinile tale mă-ngrop,/Dumnezeule, pom blestemat. " à țes racines je m'enterre,/Seigneur, arbre maudit. " (Cuvântul din urmă/Le dernier moț) (Miclău, 1978 : 303). Recréation de la métaphore La recréation de la figure est le résultat du travail interprétatif du traducteur : grace à cette technique, la poéticité du texte de départ est récupérée et valorisée dans le texte d'arrivée. Nous citons ci-dessous
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exemple, dans leș versions ci-dessous, quelques traducteurs choisissent comme équivalent du nom " arendaș " le terme " fermier ", beaucoup moins poétique dans ce contexte par rapport à l'équivalent littéral " métayer " : " arendaș al stelelor " " métayer des étoiles " (Cuvântul din urmă/Le dernier moț) (Miclău, 1978 : 303) ; " fermier des étoiles " (La dernière parole) (Drăgănescu-Vericeanu, 1974 : 167) ; " métayer des étoiles " (Le dernier moț) (Pop-Curșeu, 2003 : 97) ; " métayer des étoiles " (Le moț de la fin) (Loubière, 2003 : 67) ; " le fermier du ciel " (La dernière parole) (Villard, 2009
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