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premier sous-chapitre, nous avons mentionné " l'ancillaire métaphore " des sourciers et des ciblistes, formulée par Antoine Berman.115 Îl convient maintenant de développer le sujet, afin de déceler son importance, en conformité avec l'intérêt de notre démarche. Soit le fragment suivant : La table était mise dans la grande cuisine, qui pouvait contenir cent personnes. On s'assit à deux heures. À huit heures, on mangeait encore. [...] Le cidre jaune luisait, joyeux, clair et doré, dans leș grands verres [...]. Entre chaque
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cible la culture de départ. L'expression du culturel dépend, en effet, des choix subjectifs du traducteur et pourrait être définie, à notre avis, comme " l'au-delà " du processus linguistique proprement dit. * Pour illustrer ces propos, nous présentons ci-dessus un fragment qui contient des marques culturelles (que nous avons soulignées en gras), marques qui constituent des points de résistance à la traduction vers une langue cible. Îl s'agit d'une scène qui a lieu dans un restaurant à Paris : Je
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ai encore faim, je prendrai du fromage de chèvre et du gruyère. [...] Je voudrais bien essayer des crêpes bretonnes de sarrasin ; un soufflé au Grand-Mariner, des confitures, des fruits, une glace à la vanille, une glace au chocolat.267 Le fragment est truffé d'éléments culturels appartenant à la cuisine française et qui n'ont pas de correspondant en roumain. Un țel texte serait-il intraduisible à căușe de la résistance qu'il oppose à la traduction ? Îl est, certes, plus difficile à
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création verbale a déjà montré que cette incarnation était possible.743 2. 7. 2. L'approche interprétative appliquée au texte poétique Pour montrer l'importance de l'interprétation et de la recréation dans le processus de la traduction, nous avons choisi un fragment qui fait pârtie de notre corpus. Îl s'agit de deux vers du poème Andante de Lucian Blaga, dans la traduction de Paul Miclău. La version en français donnée par ce traducteur est à retrouver dans la deuxième colonne du
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de l'île, 1977), du volume autobiographique Hronicul și cântecul vârstelor (La chronique et la chanson des âges, 1965) et du român Luntrea lui Caron, qui comprend trois éditions : 1990, 1998, 2006 (en français, La barque de Charon, dont un fragment traduit par Jean Poncet a été publié dans la même édition de la revue SUD). * En ce qui concerne le théâtre de Blaga, îl seră groupé en deux volumes parus aux Éditions Minerva en 1977. La valeur de son œuvre dramatique
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o limba în altă limbă. Marile traduceri câri contează în diversele literaturi sunt "echivalente poetice", nu simple "traduceri". Nemții au pentru acest fel de traduceri termenul de "Nachdichtung" sau chiar de "Umdichtung". Traducerea mea este o "Nachdichtung".1011 Dans ce fragment se concentre toute la vision traductive de Blaga : la traduction réussie du poème se veut " recréation ", " équivalent poétique " du texte de départ, et non simple transposition littérale ou passage. Blaga accorde à la traduction de textes poétiques une place à
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fois définie comme traduction-recréation, suppose une certaine fidélité à la poéticité du texte source. Pourtant, Blaga avoue avoir pris de pluș grandes libertés en fonction de la substance poétique des vers ou de leur tonalité : " De câte ori m-am găsit în fața unor fragmente caracterizate în primul rând prin substanță lor poetica, am căutat să redau cât mai fidel însăși această substanță, permițându-mi anume libertăți de cuvânt ; când m-am găsit în fața unor fragmente de ton, mi-am permis mai mari libertăți de
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de leur tonalité : " De câte ori m-am găsit în fața unor fragmente caracterizate în primul rând prin substanță lor poetica, am căutat să redau cât mai fidel însăși această substanță, permițându-mi anume libertăți de cuvânt ; când m-am găsit în fața unor fragmente de ton, mi-am permis mai mari libertăți de cuvânt, ca să redau tonul. "1018 En d'autres mots, Blaga accorde la prééminence en traduction soit au signifié, soit au signifiant poétique, en fonction du rôle accompli dans le texte source
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între artele interpretative și artele creatoare. Traducerea unei poezii sau este în sine și prin sine poezie, sau nu este nimic.1026 C'est bizarre comme le message et même la tonalité de sentence que l'on retrouve dans ce fragment ressemble au style de Meschonnic ! Anticipant, en quelque sorte, la théorie de celui dernier sur la traduction-écriture, Blaga affirme que la traduction réussie de poésie est poésie à son tour ou elle n'est rien. L'interprétation du poème source
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de Blaga, surtout la voix du philosophe Blaga, est encore réduite au silence. En ce qui concerne le român autobiographique Luntrea lui Caron (La barque de Charon), îl faut rappeler l'effort de Jean Poncet, qui en a publié un fragment traduit dans l'édition de 1996 de la revue Sud.1044 2. 2. Traductions de l'œuvre de Blaga en d'autres langues Nous avons découvert que l'œuvre de Blaga a commencé à être traduite pendant la vie du poète
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du style de Blaga, au niveau du vocabulaire et des figures du langage poétique. Par exemple, la métaphore " leș pures combustions " nous rappelle leș poèmes de Blaga Ardere (Combustion) et Supremă ardere (Suprême combustion). Voilà, à titre d'exemple, un fragment du poème Ardere, qui joue sur la même métaphore de la combustion : Ființă tu găsi-voi cândva cuvenitul sunet de-argint, de foc, si ritul unei rostiri egale în veci arderii tale ? (Ardere) (Blaga, 2010 : 248) Ô être pourrais-je jamais trouver
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l'original.1148 Nous voulons remarquer, au passage, que la métaphore du " chant du cœur " du poète nous évoque le poème Stihuitorul (Le poète) de Lucian Blaga.1149 La figure est employée cette fois dans un ouvrage de sémiotique. Le fragment ci-dessus concentre la vision traductive de Paul Miclău. Comme elle est directement liée à la complexité du signe, la traduction de poèmes s'avère être " une aventure spirituelle, qui se résout dans la tension entre le signifié et le signifiant
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se place [...] le poème anthologique Encens et neige, dont le titre même associe par synesthésie l'" encens " (à son tour métonymie pour tout un rituel) et la " neige ". L'image est cadencée dans un tableau vertigineux, dont voici un seul fragment : " et aux cous de leurs pas sur la route/leș chevaux portent des clochettes/comme des flocons d'airain que jette/la voûte. " On voit que leș instruments du tourbillon sonore ne șont pas accrochés aux cous des chevaux, mais
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traduits en version française, tout comme des articles signés par Jean Poncet (" Avant-propos en forme de biographie "), Elena-Brândușa Steiciuc (" Le chant de la terre et des étoiles ") et George Astalos (" Lucian Blaga ou l'empreinte matricielle "). Le volume contient également un fragment du român Luntrea lui Caron (La barque de Charon), traduit par Jean Poncet et présenté par Brândușa-Elena Steiciuc, tout comme une liste bibliographique. * Pour présenter la relation de Jean Poncet avec le monde littéraire de Roumanie, nous avons recouru à
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une " Présentation de Nichita Stănescu " signée par Diana Ivan. À la fin du recueil on peut retrouver également une " Biographie " et une " Bibliographie " de Nichita Stănescu. Le but manifeste de ce volume semble être celui de présenter au lectorat français un fragment représentatif de l'œuvre de deux poètes roumains du XXe siècle, à savoir Lucian Blaga et Nichita Stănescu. Îl y a, en effet, une correspondance subtile entre leș deux poètes roumains, car la pensée poétique de Nichita Stănescu, préoccupé par
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și ce fut notre cas à l'origine on peut parvenir à la définir par une forme naturelle d'intuition. Une telle méthode en tout cas se ramène toujours à une mise en balance entre fidélité et beauté.1314 Ce fragment résume, en effet, la vision traductive de Philippe Loubière : îl plaide pour une traduction fidèle, qui ne s'éloigne pas du message du texte source et qui, puisqu'il s'agit de textes poétiques, préserve aussi șes marques stylistiques. La
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șes lèvres/ une à une/ La nature abreuve son dieu. (Pan) (Villard, 2008 : 11) Des gouttes chaudes de rosée tombent sur șes lèvres:/ une,/ deux,/ trois./ La nature abreuve son dieu. (Pan) (Miclău, 1978 : 199) Îl s'agit d'un fragment extrait du cycle dédié par Blaga au dieu Pan, qui fait pârtie du recueil Leș pas du prophète (1921). Dans le texte source, l'image créée par Blaga est d'une musicalité particulière, grace à la synesthésie donnée par des
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leș goutes de rosée șont chaudes), mais aussi grace à l'énumération des gouttes de rosée, disposée sur trois vers. Le traducteur non seulement " simplifie " le découpage inițial des vers et, avec cela, le message poétique et la musicalité de ce fragment, mais îl est inconstant également au niveau du microcontexte typographique (îl abolit des éléments de ponctuation du texte de départ : leș deux points, le point final de la première phrase). Ayant en vue leș exemples discutés ci-dessus, nous pouvons conclure que
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tresari îndurerat,/ paianjenul s-a-ncreștinat. (Paianjenul) (Blaga, 2010 : 90) Le vieux resta stupéfait dans la nuit/ aux étoiles filantes/ et accablé de peine,/ muet, îl tressaillit,/ l'araignée s'était convertie. (L'araignée) (Miclău, 1978 : 245-247) Îl s'agit d'un fragment extrait du cycle du dieu Pan (Leș pas du prophète, 1921) : accablé de solitude, Pan se retrouve dans un univers étranger, chrétien, symbolisé par la croix qu'il retrouve sur le dos d'une araignée. Nous remarquons, d'un côté
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deux vers distincts construits sur un enjambement est ainsi expliqué. Nous ajoutons que ce découpage est opéré également pour des raisons de musicalité, donc de surcroît de la poéticité : " orme " et " forme " créent une rime inédite et inattendue en français. Le fragment entier ressemble en traduction à un haïku japonais. Sanda Stolojan Assez conservatrice dans să traduction, Sanda Stolojan ne s'éloigne que rarement du découpage inițial du poème. La traductrice applique un ajout de graphèmes seulement lorsqu'elle sent le besoin
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elle prend comme modèle.1373 Philippe Loubière Și l'addition des vers s'avère être, chez leș autres traducteurs discutés, un phénomène fortuit, elle constitue un trăit distinctif du style traductif de Philippe Loubière. À titre d'exemple, prenons le fragment suivant (pour comparaison, nous citons aussi la variante de traduction de Ștefana et Ioan Pop-Curșeu, qui respecte le découpage original des vers) : O, de ce-am tălmăcit vremea și zodiile/ altfel decât babă ce-și topește cânepă în baltă ?/ De ce
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cantilée ". Sensible au rythme du poème de départ, ce traducteur le met en valeur par de nouveaux découpages des vers. Voilà, à titre d'exemple, un passage qui devient, dans la traduction de Philippe Loubière, infiniment plus poétique que le fragment d'origine. Dans une manière presque meschonicienne, ce fragment arrive à se confondre avec une litanie : O durere totdeauna mi-a fost singurătatea ta ascunsă [...]. (Psalm) (Blaga, 2010 : 104) Souffrance,/ Ta solitude cachée/ M'a toujours été souffrance. (Psaume) (Loubière
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traducteur le met en valeur par de nouveaux découpages des vers. Voilà, à titre d'exemple, un passage qui devient, dans la traduction de Philippe Loubière, infiniment plus poétique que le fragment d'origine. Dans une manière presque meschonicienne, ce fragment arrive à se confondre avec une litanie : O durere totdeauna mi-a fost singurătatea ta ascunsă [...]. (Psalm) (Blaga, 2010 : 104) Souffrance,/ Ta solitude cachée/ M'a toujours été souffrance. (Psaume) (Loubière, 2003 : 17) Une douleur me fut toujours la solitude
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et leur confère un sémantisme à part. Dans le tableau ci-dessous, nous passons en revue leș situations où le poète décide d'accorder une plus grande importance à certains termes, par l'emploi de la majuscule. Un petit commentaire accompagne chaque fragment : Nimicul zăcea-n agonie, cănd singur plutea-n întuneric și dat-a un semn Nepătrunsul : " Să fie lumină ! " (Lumină) (Blaga, 2010 : 20) Le néant gisait à l'agonie, lorsque, solitaire flottant par leș ténèbres, l'Insondable fit un signe : " Que
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miroir dans la poésie de Blaga nous indique qu'il s'agit d'un trăit stylistique propre au poète.1406 Nous nous demandons pourtant quelle est la signifiance correspondant à ce procédé de reprise. Analysons, à titre d'exemple, le fragment suivant : Sufletul satului fâlfâie e lângă noi, ca un miros sfios de iarbă tăiată, ca o cădere de fum din streșini de pae, ca un joc de iezi pe morminte înalte. (Sufletul satului) (Blaga, 2010 : 116) L'âme du village
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